Hommage subtil et appuyé à la marque Barbour dont elle servira d’objet de déco dans la boutique de la marque récemment ouverte à Biarritz, la T100 Black Streak véhicule jusque dans ses entrailles l’histoire des fameuses vestes anglaises en coton ciré chères à Steve McQueen.

1675 kilomètres séparent South Shields de Biarritz, deux villes de bord de mer aux phares emblématiques. Et il faut compter 127 ans entre la création de la manufacture de vêtements Barbour, dans la ville du Nord-Est de l’Angleterre voisine de Newcastle, et l’ouverture de la boutique Legend Story au Pays Basque, en juillet dernier. Pour symboliser la résistance de ses vestes aux intempéries, la marque de John Barbour adopte rapidement pour emblème le phare historique de la ville construit douze ans avant la manufacture, en 1882. De forme hexagonale et peint en rouge, le phare de Herd Groyne est associé depuis plus d’un siècle à la marque, laquelle continue de fabriquer à la main les grands classiques, près de 600 pièces par jour dont le fameux modèle Beaufort, dans son usine de South Shields. Vêtement officiel de la famille royale d’Angleterre, Barbour a également associé son image à celle de Steve McQueen, et plus récemment à James Bond dans Skyfall, avec pour point de convergence la moto.

C’est en toute logique que, pour inaugurer la boutique Barbour Legend Story située rue de Verdun à Biarritz, le jeune Hugo de Miras s’est mis en tête de préparer une Triumph Bonneville, autre symbole britannique. L’idée était de créer une machine reprenant avec subtilité les éléments distinctifs de Barbour. C’est ainsi que les gravures sur le carter droit reproduisent les lignes de l’historique tartan que l’on retrouve à l’intérieur des vestes de la marque, avec au centre le fameux logo représentant le phare de South Shields qui fait écho à celui de Biarritz, « point historique de la ville car il sépare la côte sablonneuse des Landes de la côte rocheuse du Pays Basque ». Un travail d’orfèvre, réalisé par Sparrow Custom à Toulouse, ville natale d’Hugo.

Toute la préparation de cette Bonneville baptisée Black Streak (Empreinte noire) a d’ailleurs été faite à partir de la capitale de la Haute-Garonne où Hugo est revenu après avoir tenté l’aventure à Paris. « Je suis ensuite revenu à mon métier de graphiste en freelance à Toulouse. C’est là que Jérôme Roquesalane m’a proposé de gérer la boutique Barbour qu’il comptait implanter à Biarritz. » Jérôme est aussi propriétaire de la concession Triumph Bonnie & Ride où Thierry de Miras, le père d’Hugo, est dirigeant et associé. « Je suis motard grâce à papa », confie Hugo, fier des réalisations paternelles, parmi lesquelles la coorganisation originelle du célèbre festival Wheels & Waves de Biarritz. La boucle est bouclée avec Hugo qui s’est installé avec plaisir à Biarritz, « une super ville entre océan et montagnes, un cadre génial pour faire de la moto ». Tout juste trentenaire, Hugo compte une décennie au guidon et prolonge la passion familiale, même s’il a voulu tracer sa propre route. « Au début, j’étais plutôt scooter, c’était un vrai débat », plaisante le jeune homme, par ailleurs fana de Coccinelle, dont il possède un splendide modèle bleu ciel de 1964. Côté moto, avant la Bonneville sur laquelle il a jeté son dévolu pour lui faire épouser la “cause” Barbour, Hugo roulait en Honda Dominator, son premier “projet custom”, revendu pour acquérir la Bonneville T100 de 2013, le dernier modèle Bonneville à carbus, « pour plus de charme ». « J’ai toujours eu des motos anciennes : Triumph, BSA… » Des Anglaises, même si sa “première” était une BMW R 60 série 5 avec laquelle Hugo a accumulé les road trip au départ de Toulouse. « J’aime les véhicules anciens pour leur look, leur état d’esprit. Je ne suis pas adepte de la vitesse. » Spécialisé en identité de marque dans son métier de graphiste, Hugo a pu laisser libre cours à son goût du “story telling” en imaginant le design de cette Black Streak préparée par la concession Bonnie & Ride. Ainsi, le carter gauche fait écho à celui de droite avec le tartan, avec en sus un ancien logo Barbour issu d’un des premiers catalogues de la marque, et comme illustration un motocycliste portant l’une des premières tenues motos Barbour, nommée Black Streak.

La peinture noir et or, identité graphique de Barbour International, est l’œuvre de Frederick Lalieu de Back In Color à Balma. Le réservoir, bicolore noir Phantom (teinte officielle Triumph) et chrome, reprend les lignes des authentiques et antiques bidons de la marque, avec un liseré or et la reprise de vieux logos Triumph, en addition de celui de Legend Story, vintage comme il se doit. La sellerie a également été réalisée dans les environs de Toulouse, à Lespinasse, par Not & Fils. Un véritable morceau de bravoure, créé à partir d’une ancienne veste Barbour International originale, cette veste emblématique en coton enduit portée notamment par Steve McQueen lors des International Days of Trial de 1964. La selle reprend non seulement le tissu “wax”, mais également les boutons dorés et l’intérieur du col en velours côtelé.

Un pur ravissement pour les yeux et le séant, mais aussi agréable au toucher. La Black Streak trône en bonne place dans la boutique Barbour de Biarritz ouverte en pleine pandémie de Covid. « Cette moto apporte un supplément d’âme au magasin, avec une référence à Steve McQueen qui fait partie de l’ADN de Barbour. » Au milieu des vieilles malles et d’un mobilier à l’avenant, la Triumph n’est cependant pas destinée à rester un simple objet de décoration.

« J’attends qu’on ait fait les photos et puis je la sortirai régulièrement », glisse Hugo, impatient de partir en road trip. Il n’aura cependant pas une longue route pour l’amener au prochain festival Wheels & Waves.